top of page

Semaine de la santé mentale 2022

Vos témoignages 

Dans le cadre de la semaine de la santé mentale, qui prend place du 14 au 17 novembre, nous avons recueilli des témoignages/histoires de différent-e-s étudiant-e-s en médecine. 

"En 3 ans en médecine, j'ai toujours culpabilisé car me réveiller le matin était très dur ; j'arrivais toujours à midi à la bibliothèque. Mais ça ne m'a pas du tout empêché de réussir ; pas besoin de se mettre la pression, chacun a son propre horaire !! :)) "

"Je pense que ce n'est une surprise pour personne, mais la première année est vraiment compliquée et il y a plein de moment qui ont été difficiles. Mais, je pense que celui qui l'a été le plus était d'être confronté à un potentiel échec définitif. Certainement comme beaucoup d'étudiants en médecine, c'est pour moi un rêve d'enfant de devenir médecin et il n'y a jamais vraiment eu de plan B. C'était, depuis longtemps, ma motivation pour travailler durant ma scolarité. L'année passée, j'ai échoué plusieurs modules, ce qui a déjà été un coup en soi. J'ai dû bosser comme jamais je ne l'avais fait avant pendant tout l'été. Au début, c'était frustrant de voir mes amis en vacances, ma famille profiter des beaux jours, de louper des activités et soirées et autre, mais plus je me sentais à l'aise dans mes révisions, plus je me disais que ça en valait le coup. Deux mois plus tard, arrivent les rattrapages d'août. J'arrive confiant et persuadé de connaitre toute la matière par cœur. Là, c'est le deuxième coup dur : l'examen me parait tellement plus difficile que la première fois que je l'ai passé. Les questions sont ambiguës ou excessivement précises. Je sors du rattrapage dépité et persuadé d'avoir échoué. S'en suit l'excessivement longue attente des résultats, accompagnée d'une remise en question de toute ma vie. Qu'est-ce que j'aurais pu faire mieux ? Pourquoi est-ce que je me suis senti aussi démuni devant cet examen ? Et si j'avais fait ci ? Et si j'avais fait ça ? Et maintenant, quoi ? Qu'est ce que je fais ? Où je vais ? Il m'a semblé que c'étaient les trois semaines les plus longues de ma vie, pendant lesquelles j'ai dû faire le deuil d'un rêve d'enfant et où je me suis senti plus perdu que jamais. Trois semaines où se sont mêlés frustration, colère, tristesse, déception, idées noires, peur du jugement et du regard des autres. Une réelle spirale descendante. Heureusement, j'ai finalement obtenu un résultat suffisant et mon aventure ne s'est pas arrêtée là ! Maintenant, avec un peu de recul, je me dis que c'est une épreuve qui m'a rendu plus fort, sans toutefois négliger le fort impact sur ma santé mentale et qu'il m'a fallu du temps pour le ''tourner en force''. "

Foggy Montagnes

" J'ai toujours eu envie de faire médecin, depuis tellement jeune que j'ai encore les plans de mon futur cabinet que j'ai dessiné quand j'avais 7 ou 8 ans... C'est même pas un rêve ; c'est un objectif, une raison de me lever le matin... Mais, arrivée en première année, je suis perdue et j'ai le sentiment que je ne vais pas y arriver. Psychologiquement, c'est difficile. Mais j'ai eu l'occasion d'aider au don du sang il y a quelques jours. En discutant avec une donneuse qui avait très peur, je lui ai expliqué ce qu'on allait faire dans les détails et j'ai essayé de la rassurer. Suite à quoi elle m'a remerciée. Les infirmières m'ont dit : tu sera un bon médecin, c'est certain! Et cette bête phrase a suffi à effacer mes angoisses. Comme un second souffle, j'ai ressenti une motivation nouvelle. En conclusion : oui la première année est difficile, physiquement et psychologiquement, mais avec la bonne motivation et du travail, elle ouvre des portes sur un avenir qui sera le mien. Il suffit de trouver quelques encouragements et du soutien pour nous aider. "

" Hello ! Moi mon témoignage c'est autour de la période de première année. Comme beaucoup de personnes, j'ai énormément taffé, j'avais beaucoup de pression (et je m'en mettais beaucoup), au point de ne plus donner de valeur aux choses qui se passaient dans ma vie privée. Et à la fin du 1er semestre, après avoir réussi tous mes examens, j'ai ressenti un énorme vide dans ma vie (plus de sens, comme je n'avais pas donné de valeur à tout le reste pendant des mois...) et une fatigue assez extrême. En plus de ça, j'avais une situation familiale compliquée à ce moment-là, et l'ensemble a fait que j'ai fait un burn out au 2e semestre : j'ai dû faire une pause. C'était dur pour moi de lâcher, vraiment, de me dire que j'arrêtais l'année au milieu ! Mais c'était nécessaire pour ma santé mentale et physique, je l'ai assez vite compris, et ça m'a fait apprendre plein de choses sur ma santé justement, et sur comment me ménager pour la suite des études :) En plus cet arrêt m'a laissé un semestre de libre ensuite pour voyager, ce qui a été une des meilleures expériences de ma vie !! Donc si j'ai un conseil : hésite pas à prendre le temps qu'il te faut pour être bien dans tes baskets/tes pensées/tes émotions, même si ça t'empêche de terminer un semestre / fait "perdre" une année : ta santé est la plus importante ! Et qui sait, peut-être que tu te retrouveras à faire quelque chose que tu voulais faire depuis toujours et qui te fera kiffer comme jamais ... ;) "

Fond blanc
Marbre

 " Le sport est ce qui aide à garder le cap ! "

" Durant la période COVID, j'ai eu une période très sombre durant laquelle je n'arrivais absolument pas à me lever de mon lit, j'avais toujours l'impression d'être fatiguée alors que je dormais 12 heures par jour. J'avais de grosses crises d'angoisse et je pleurais fréquemment. C'est l'éloignement de mes amis et la sensation de manque de soutien de la faculté qui m'ont beaucoup affectée. La période de révisions a été la pire mais heureusement j'ai quand même pu surmonter mes peurs et passer mes examens. Je voulais faire passer par ce message que les étudiants et médecins s'occupent de la santé de leurs patients mais souvent ne s'occupent pas de la leur, alors qu'elle est primordiale. Ces études de médecine sont très exigeantes et sans soutien psychologique adéquat (amis, famille etc...), cette période peut s'avérer très difficile pour sa propre santé mentale. Aujourd'hui, j'ai appris à ne plus faire autant passer la médecine avant tout et enfin sortir un peu et voir les personnes qui me sont chères. "

Marbre

" Visite hebdomadaire à l’EMS avec la médecin généraliste. Une minuscule mamie de 97 ans, cachectique et courbée sous le poids des années. Présente le tableau d’une décompensation cardiaque droite. Dans sa chambre, les rideaux sont tirés et filtrent une lumière orangée. Partout, des photos de son chat, mort à l’âge de 21 ans, l’unique ami qu’elle ait jamais eu, murmure-t-elle. Sur sa table de nuit, une petite boîte en marbre. Le chat est dedans, comme ça elle ne dort pas seule, poursuit-elle. Je n’ai jamais tant pleuré en sortant d’une chambre. "

" Un mal pour un bien "

 

" J'ai fait un épisode de dépression durant mon second semestre de Bmed 2. J'ai appris que je redoublerais mon année dès le premier semestre. Au début, je n'ai pas compris ce qui arrivait. J'étais très anxieuse quand j'allais en auditoire, je somatisais énormément (palpitations, douleurs thoraciques, etc...). Puis progressivement, l'anhédonie est arrivée et j'avais plus de mal à me concentrer (je m'obligeais à aller à la bibliothèque mais impossible de ne pas avoir d'idées parasites après 30 min.). Je me posais constamment (littéralement) la question: est-ce que j'ai choisi la bonne voie? J'avais une très faible estime de moi-même et je ne me sentais pas capable d'y arriver. J'ai évidement raté mon second semestre. Néanmoins, durant mon second semestre, j'ai pris du recul et j'ai pris du temps de faire le point. J'ai pu remettre en question mon projet professionnel et j'en ai conclu que je voulais vraiment devenir médecin. J'ai eu l'aide d'une psychologue et de ma famille pour surmonter cette période difficile. Je me suis remis des objectifs (de méditation, de sport, etc.) et j'ai pu faire un peu d'introspection. Depuis, je suis fière de pouvoir parler de cette période et même d'aider les autres en déstigmatisant la dépression. Je me suis rendue compte que beaucoup de monde passait par là, avec une expérience propre à chacun. Personnellement, ça m'a permis de me construire une base de motivation solide durant mes études et je ne regrette absolument rien. J'ai beaucoup appris sur moi-même et ma capacité de résilience. Je vois ça comme une période difficile mais qui m'a rendue plus confiante. Si j'avais un message à passer pour les personnes qui vivent une dépression, ce serait de ne pas rester seul, d'oser en parler (à son entourage ou à des professionnels), de ne pas en avoir honte, de croire en eux et de ne pas hésiter à prendre du temps pour eux. Après la pluie vient le beau temps. "

Montagne enneigée
Beau paysage

" Les études de médecine m'ont permis de surmonter mes angoisses face à la mort :

Depuis mes 9-10 ans je faisais régulièrement des crises d'angoisse concernant la mort et surtout ce qu'il y'avait après. Avec les années et les psy j'avais trouvé des astuces pour éviter d'en faire : éviter le plus possible le sujet (en n'allant pas aux enterrements p.ex), regarder des vidéos youtube / des séries jusqu'à que je tombe de fatigue (je faisais le plus souvent mes crises d'angoisse juste avant de m'endormir, quand j'étais face à moi-même dans mon lit), ... Grâce à ces "astuces", je faisais beaucoup moins de crises mais en arrivant en médecine je me suis demandé ce qu'il allait se passer étant donné que je ne pourrais plus esquiver le sujet comme je le faisais jusqu'à présent. Et bah j'me souviens encore très bien de la dernière crise : En première, dans le cadre du module 1.5 on avait eu un cours sur les soins palliatifs et forcément j'y ai repensé avant de dormir et forcément c'est parti en c*** 😅 Mais depuis, à force de me confronter régulièrement au sujet et d'en parler avec mes collègues étudiants, plus aucune crise !! C'est même devenu un sujet que j'aime beaucoup aborder ! (j'ai même fait un stage en médecine légale ahaha) Cela peut sembler naïf et con mais je pense que les études de médecine, qui m'ont forcé à me confronter à la mort, ont été hyper thérapeutiques pour moi. Donc si pour toi aussi la mort est un sujet qui te fait peur et t'angoisse, essaye de pas trop stresser à l'idée de voir un cadavre pour la première fois en salle d'anat et dis toi que c'est peut-être une opportunité de te confronter au sujet et d'enfin vaincre ces angoisses ! "

" Faire des nuits blanches la veille des examens en écoutant "get rich or die trying" de 50 cent, ça m'a marqué. "

Lever de soleil sur les montagnes
Région montagneuse

" Je souhaite revenir sur cette période là, BMED2, 2020-2021 :

 

La deuxième est une année difficile, intense et il est difficile en tout temps de garder le cap. Cette année là, tout en particulier, je la dois à mes amis qui ont été là, jour après jour. On était confinés, face à une faculté pour qui nous étions le dernier des soucis. Je crois que ce sont des études difficiles mais je ne pense pas qu'avoir envie de mourir tous les matins soit acceptable. Ces mots sont crus, certes, mais je sais que je n'étais pas la seule à y songer, pourtant on était le dernier des soucis. Alors en une phrase je vais décrire mes études de médecine en BMED2: 

Sortir de chez moi uniquement pour aller voir les cadavres. Mais être chanceuse et ne pas pouvoir me plaindre, car les autres facultés n'ont pas eu cette "chance". Comment on garde la tête froide face à ça? Comment on deal avec nos émotions quand on ne voit que la mort à la télé et durant la seule sortie? Comment on fait quand tous nos amis sont déprimés et abandonnent? Heureusement, j'ai eu la chance d'être entourée de personnes formidables, et je pense encore à ces étudiant.e.s qui ont baissé les bras à ce moment-là...

 

Courage à tous les deuxièmes qui méritent le soutien de nous tous! Force à eux! "

" J’ai fait des burn-out à chaque période de révision. J’étais au fond du trou et à chaque fois j’étais prête à tout abandonner et arrêter la médecine. Mais grâce à la bienveillance de mes amis et à leur soutien, j’ai réussi à finir chaque période de révision et à réussir mes examens. Mon conseil : entourez -vous de gens bienveillants qui seront là dans les meilleurs et les pires moments. Je leur en suis infiniment reconnaissante. "

Paysage de montagne
fleurs sauvages

" Le changement entre le gymnase et l'université a été radical et j'en étais bien consciente : je suis passée de la vie à la maison, au Tessin, dans un petit gymnase privé, à la vie avec d'autres colocataires dans une ville inconnue, où l'on parle une langue qui n'est pas la mienne, et aux cours de médecine de première année avec près de mille autres étudiants que je ne connaissais pas. J'avais besoin de compagnie : c'est pourquoi, après quelques jours d'école, j'ai écrit un message à une fille du Tessin, lui expliquant que j'avais appris par mon père, qui avait été son professeur au gymnase, qu'elle aussi avait commencé médecine. Elle a immédiatement été très gentille et accueillante et elle m’a proposé que nous suivions les cours ensemble le lendemain. Nous avions décidé de nous retrouver à la station de métro pour aller à l’Amphimax. Je me souviens qu'avant de la voir, ce matin-là au Flon, j'étais plutôt nerveuse : est-ce que elle m’aurait trouvé sympa ? Est-ce qu'on se serait entendues ? Cette rencontre a changé ma vie : S. est devenue non seulement quelqu’un avec qui étudier, mais aussi et surtout une grande amie. J'ai pu tout partager avec elle : la joie de passer du temps ensemble en buvant des centaines de cafés, les longues conversations sur les sujets les plus variés, et puis la fatigue des études, la peur de ne jamais en faire assez et le stress qui, à certains moments, se manifestait de manière assez invétérée. Je me souviens qu'après avoir passé Noël au Tessin, nous sommes rentrées toutes les deux à Lausanne et nous nous sommes retrouvées seules dans nos appartements respectifs. Un après-midi, nous avions décidé d'étudier ensemble chez moi. Mais ensuite je lui ai proposé de rester dîner. Comme il se faisait tard, elle est même restée plus longtemps. Elle a fini par rester avec moi pendant une quinzaine de jours. Ces journées ont été très intenses, car nous redoutions l'arrivée des premiers examens et il y avait beaucoup de choses à faire. Pourtant, depuis que nous avons commencé à la vivre ensemble, la période de révision, bien que toujours extrêmement fatigante, a cessé d'être un cauchemar. Avec S., je n'étais plus seule. Je pensais par exemple être la seule à penser que je ne pouvais rien retenir, mais en l'écoutant dire la même chose, je me suis rendue compte que cette pensée n'était pas vraie et je me suis sentie mieux. Il nous a fallu beaucoup de courage. Nous nous sommes encouragées et soutenues l'une-l'autre. Et lorsque j'ai appris que j'avais réussi mes examens, je me suis sentie infiniment reconnaissante envers S., car sans elle, tout n'aurait pas été pareil. La première année d'université a été compliquée car elle m'a confronté à des aspects "inconfortables" de moi-même que je ne connaissais pas : je me suis heurtée à plusieurs de mes fragilités et j'ai eu la chance de trouver quelqu'un qui était prêt à les accepter et avec qui je pouvais aussi partager les difficultés, pouvant ainsi traverser des mois qui, à travers leurs nombreux efforts, se sont révélés pleins de belles surprises. "

bottom of page